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  • Photo du rédacteurAlain SUPPINI

LA SANTÉ PAR LE JARDINAGE.

LU POUR VOUS: COMPARAISON ENTRE JARDINAGE ET ACTIVITÉS ARTISTIQUES.

Tailler des haies, élaguer des arbustes, semer des graines, planter des légumes, ramasser des fruits: les activités de jardinage sont souvent appréciées pour leur caractère ludique. En mêlant activité physique d'extérieur, bien-être psychique, créativité et connexion avec la nature, la pratique du jardinage a d'évidence des effets positifs dans tous les compartiments de la santé. Mais ceci peut-il se mesurer scientifiquement?

Les plantes sont des organismes dits "autotrophes", c'est à dire capables d'élaborer leur propres substances organiques à partir des minéraux contenus dans la terre. Elles sont en outre la base indispensable de la vie pour tous les organismes "hétérotrophes", incapables de synthétiser eux-mêmes leur propres composants, ce qui leur impose de se nourrir d'organismes autotrophes. L'Être Humain, en tant qu'hétérotrophe, serait incapable de survivre sans les plantes.

En outre, durant des millions d'années, le rôle des plantes dans la survie, l'évolution et le développement de l'être humain ont été fondamentales [1].

Les premières cultures sont datées du paléolithique, la domestication des plantes et l'agriculture du néolithique [2], donnant lieu à la naissance des villes et des différentes civilisations. Le jardinage est dès lors apparu comme un facteur majeur de notre adaptation en tant qu'espèce animale, les processus d'apprentissage et les interactions avec les environnements naturels nous amenant vers plus d'humanité.

Des études ont même démontré que nous sommes programmés pour être naturellement attirés par les plantes et la nature [3]. Malheureusement, l'urbanisation moderne galopante a créé des obstacles de plus en plus importants à l'accès aux espaces naturels, les jardins étant au fil des ans devenus les seuls lieux d'interaction possibles entre l'homme et la nature dans les villes.

Les premières études montrant que les activités de jardinage seraient bénéfiques pour la santé remontent quant à elles au XIXème siècle [4]. Progressivement, se sont développées des activités "d'horticulture thérapeutiques" animées par des professionnels en fonction d'objectifs de traitements bien codifiés [5][6].

Malheureusement, il n'existe à ce jour aucune étude sérieuse ayant fait la preuve scientifique de l'horticulture ou du simple jardinage, dans l'amélioration clinique et l'apport thérapeutique réel de ces pratiques, alors que l'Art, considéré lui aussi comme un comportement inné de l'homme [7][8], a été démontré comme offrant des possibilité thérapeutiques incontestables [9]. "L'art-thérapie" consiste en une communication non verbale des sentiments favorisant la compréhension de soi, l'amélioration de la qualité de vie, voire la guérison [10].

L'étude menée ici par l'équipe de Raymond Odeh, du département d’horticulture environnementale à l’université de Floride a cherché à mesurer les effets psychologiques, physiologiques et sociaux de 32 femmes de 26 à 49 ans, en bonne santé au cours d'activité de jardinage ou de création artistique en groupe [11].


3 items ont été enregistrés:

- la mesure des états d'humeur auto-déclarés (bien-être ou au contraire stress, anxiété, dépression) lors d'une activité de jardinage en groupe

- la satisfaction auto-déclarée des participantes

- la mesure de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle de chacune d'entre elles.

Toutes ces mesures ont été effectuées avant puis après les activités de jardinage et de création artistique, en comparant également les différences éventuelles entre le jardinage et l'art.

Les activités proposées étaient tirées au sort selon un protocole de randomisation bien établi et constataient:

- pour l'art: transfert d'images, narration visuelle, linogravure, papier Batik, collages variés, et dessins de sentiments éprouvés

- pour le jardinage: propagation de plantes sensorielles, transplantation de plantes grasses et d'herbes, diffusion de plantes ornementales, simulation de récolte, semis de légumes à germination rapide, et dégustation de micro-pousses.

Quels résultats ?


Concernant le premier item testé (humeurs auto-déclarées), l'ensemble des résultats thérapeutiques a été positif, pour l'art comme pour le jardinage, avec une amélioration de près de 95% des scores d'humeur mesurés avant et après l'activité. Par contre, aucune vraie différence significative n'a été enregistrée entre l'art et le jardinage, sauf en ce qui concerne l'anxiété qui était mieux traitée par le jardinage que par l'art.

Pour ce qui est du second item, la satisfaction auto-déclarée, le résultat a été le même: tous les scores de satisfaction avant/après ont été améliorés, mais sans que se fasse jour une véritable différence entre l'art et le jardinage.

Enfin, concernant le troisième item, fréquence cardiaque et tension artérielle, là aussi les résultats s'amélioraient au cours et après l'ensemble des interventions de jardinage ou d'art réalisées. Dans le détail, le jardinage réduisait plus la pression artérielle et la fréquence cardiaque que l'art, mais le seuil statistique de significativité n'était atteint que pour la pression diastolique.

Les résultats sur la tension artérielle étaient en outre cohérents avec la réduction auto-évaluée du stress des participantes, et l'on sait depuis longtemps que les activités "vertes" améliorent considérablement la santé tant mentale que physique des personnes qui s'y adonnent [12]

Un quatrième item, non listé dans la procédure, a tout de même pu être chiffré, il s'agit du coût estimé des dépenses de santé. L'activité de jardinage a montré que les dépenses prévues avant, ont pu être réduites statistiquement, comparativement à celles prévues après, et cela en seulement 4 semaines.

Au total, ces estimations suggèrent la possibilité non négligeable de gains économiques pour des personnes qui s'engagent dans des activités de jardinage, à une époque où les coûts en soins de santé ne cessent d'augmenter.

Existe-t-il des différences entre les sexes ?

L'étude menée ici n'a concerné que des femmes, en est-il de même chez les hommes?

La conception de cette étude était délibérément fondée sur une population entièrement féminine, car il existe bien des différences culturelles, sociétales et sexuelles dans la manière dont les hommes et les femmes interagissent avec les plantes.

Dans nos sociétés modernes, issues de celle de "cueilleurs-chasseurs" de l'antiquité, les femmes ont conservé une mémoire de localisation des objets supérieure, ce qui est cohérent avec la recherche de nourriture végétale [13][14], les comportements de consommation liés aux plantes [15][16] et les habitudes alimentaires [17].

En outre, dans une étude sur le jardinage [18], la proportion de femmes estimant qu'il s'agit d'une activité apaisante et tranquillisante s'avère plus importante que celle des hommes.

Enfin, plusieurs études menées en Imagerie par Résonance Magnétique Fonctionnelle [19] fournissent des preuves qu'il existe bien des différences entre hommes et femmes, dans le traitement de stimuli visuels au niveau des zones cérébrales impliquées.

En clair, les femmes sont plus sensibles aux interactions avec la nature de manière générale, c'est la raison pour laquelle elles ont été recrutées, dans le but de rendre plus évidentes scientifiquement, les différences statistiques qui pouvaient apparaître.

Qu'en est-il des personnes malades ?

Ici, les participantes étaient toutes en parfaite santé. Le jardinage pourrait-il améliorer la santé de personnes malades?

C'est le postulat qui a été émis par les membres de l'équipe ayant réalisé l'étude: certains troubles sont connus pour être plus répandus chez les femmes [20], tels que la rumination mentale, la dépression, l'anxiété, la sclérose en plaque, le syndrome de fatigue chronique, les troubles du sommeil, certains troubles alimentaires et la maladie cœliaque; et dans le même temps, les avantages de l'interaction avec les plantes était déjà très documentés.

Les auteurs ont donc pensé que si des changements importants pouvaient être observés dans une petite population de femmes en bonne santé, alors le jardinage pouvait avoir une utilité thérapeutique égale voire supérieure chez des personnes malades (…).

"La vie commence le jour vous commencez un jardin".


Alain SUPPINI

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