OU COMMENT CONCILIER SUCCÈS ET BONHEUR.
Les recettes du succès heureux sont nombreuses et chacun peut les trouver en adaptant simplement son mode de vie. Mais pour cela, il faut bien comprendre comment intervient le couple dopamine-sérotonine.
Avez-vous déjà remarqué à quel point certaines personnes dans la vie semblent avoir plus de succès, alors que certaines autres, peu importe à quel point elles travaillent dur, n'entrevoient jamais cette succession étourdissante de victoires quotidiennes?
Au final, les premières sont taxées de "chanceuses", alors que les autres sont des "perdantes".
Et avez-vous remarqué combien de personnes, ayant un succès envié de tous, n'en sont pas pour autant heureuses?
En fait, tout ceci réside dans une différence de biochimie des cerveaux, la "neurobiochimie", qui va déterminer le niveau de réussite ou non d'un individu et son aptitude au bonheur.
Grâce au domaine en expansion des neurosciences, les réponses à ces questions commencent à se faire jour, avec en particulier l'émergence de deux neurotransmetteurs très impliqués: la dopamine pour la prise de décision et la sérotonine pour la pensée positive.
La dopamine et la prise de décision
La dopamine est l'une des quatre "hormones du bonheur" de votre corps. Les 3 autres sont l'ocytocine ("hormone de l'amour", qui se libère lorsque l'on est proche ou intime avec quelqu'un), la sérotonine ("hormone du bonheur" qui joue un grand rôle dans la régulation des émotions et des humeurs, favorisant calme et stabilité) et les endorphines (hormones libérées pendant les périodes de douleur et qui calment le stress).
La dopamine est le neurotransmetteur responsable de la motivation et de la sensation gratifiante qui accompagne le succès.
Comment agit la dopamine?
Les personnes ayant des niveaux élevés de dopamine travaillent plus fort pour atteindre un objectif plus grand et bénéficier d'une plus grande récompense, tandis que celles ayant de faibles niveaux de dopamine choisissent la voie facile pour obtenir la plus petite récompense.
Mais la mesure du seul niveau de dopamine ne suffit pas, il importe également de savoir quelle zone du cerveau libère de la dopamine, ce qui a un impact sur la capacité à atteindre l'objectif, ou au contraire à sauter d'une tâche à l'autre sans les terminer.
Une étude publiée dans The Journal of Neuroscience [1] a montré que les personnes qui ont tendance à faire plus d'efforts, même si cela est très difficile, ont une plus grande réponse à la dopamine dans les zones cérébrales de la motivation et la récompense.
A l'inverse, une réponse dopaminergique plus élevée dans les zones de la perception et du comportement social est corrélée négativement à la volonté de déployer des efforts pour obtenir des récompenses. Ces personnes voient leur désir de travailler se réduire inexorablement, même si cela signifie pour elles une baisse de leur pouvoir d'achat et de leur échelle sociale.
Comment réagissez-vous à la dopamine?
La question suivante qui se pose, après avoir atteint un grand objectif, est de savoir comment vous y réagissez: allez vous faire une pause - qui peut durer des années - et profiter de votre succès, ou au contraire vous remettez-vous immédiatement au travail sur la prochaine grande tâche?
Ici aussi, c'est la dopamine qui intervient!
Généralement, après avoir atteint l'objectif et le succès qui va avec, le niveau de dopamine baisse et il faut un certain temps avant que vous ne ressentiez une poussée similaire de dopamine. C'est ici que la toxique procrastination [2] peut s'installer.
Pour contourner cette baisse trop importante et retrouver un bon niveau de dopamine, vous pouvez vous assigner un nouvel objectif avant même la réalisation finale de l'objectif actuel. De cette manière, le niveau de dopamine ne chute plus autant.
Cependant, cette planification, si elle est trop étriquée, peut vous empêcher d'atteindre l'objectif actuel: vous commencez à rechercher de plus en plus ces petits pics dopaminergiques, ce qui vous conduit immanquablement à prendre des décisions de plus en plus rapides et faciles. Vous êtes entrés dans le fameux 2è groupe des personnes qui passent d'une tâche à l'autre sans les terminer.
Il faut donc trouver le bon dosage, celui qui conduit au bon équilibre de votre dopamine.
Comment trouver le bon équilibre de dopamine?
Eh bien pour cela, il faut entraîner votre cerveau afin que celui-ci se satisfasse de petites bouffées de dopamine créées par des expériences valorisantes, en l'amenant à accepter une certaine latence entre les fameux pics.
Pour cela:
- il faut découper un grand objectif en plusieurs tâches plus petites: de cette manière, chacune correspond à un petit pic dopaminergique
- il faut prendre l'habitude de se fixer des délais et d'atteindre les objectifs en temps voulu, en créant un emploi du temps quotidien que vous saurez pouvoir respecter.
- il faut choisir volontairement la route la plus difficile: il faut donc que vous soyez prêt à faire l'effort d'accomplir ces tâches plus exigeantes. Il ne suffit pas de choisir de les faire, elles doivent être accomplies: on en revient donc au 1er point, qui est de décomposer les tâches difficiles en tâches plus gérables
Au total, il faut acquérir 2 choses: une bonne organisation et de la détermination. Fixez votre esprit sur quelque chose et faites-le!
La sérotonine et la pensée positive
Depuis de nombreuses années, la sérotonine est considérée comme le principal neurotransmetteur associé à l'humeur et au sentiment de bien-être.
On connaît bien maintenant les effets des dernières générations d'antidépresseurs, le lien qui existe entre la sérotonine et le bonheur, et comment le manque de cette hormone peut conduire à de véritables dépressions.
En fait, la sérotonine est bien plus qu'une simple molécule de l'humeur, elle est aussi le neurotransmetteur de la confiance en soi.
Des niveaux plus élevés de sérotonine sont associés à un plus grand sentiment de sécurité et une plus grande assurance dans les prises de décision.
Comment agit la sérotonine?
Dans un article original publié dans Annals of New York Academy of Sciences [3], les chercheurs montrent que nos décisions peuvent être significativement impactées par notre niveau de sérotonine, en expliquant pourquoi certaines personnes réagissent différemment face à une situation d'injustice ou de frustration.
Pour l'étude, les taux de 5-hydroxytryptophane (5-HTP) ont été mesurés chez l'ensemble des participants.
Le 5-HTP est une substance naturellement produite par le corps à partir du tryptophane, un acide aminé dit "essentiel" car ne pouvant être synthétisé par l'organisme, et que donc seule l'alimentation peut fournir.
Le 5-HTP est lui-même le précurseur immédiat de la sérotonine.
Dans l'étude, les chercheurs mettent en évidence une corrélation entre un baisse des niveaux de 5-HTP (donc de sérotonine) et une baisse de la tolérance à l'injustice et à la frustration.
Essentiellement, ce que cette étude nous montre, c'est que notre neurochimie a un impact direct sur notre perception des situations, mais aussi sur la confiance que nous accordons à nos prises de décision.
Elle nous montre également que ce que nous mangeons joue un rôle important dans le résultat.
Comment augmenter son taux de sérotonine?
- La lumière du jour et le soleil: la recherche a clairement montré que l'exposition à la lumière vive est associée à des niveaux de sérotonine plus élevés [4]: le moyen le plus simple reste donc d'aller le plus souvent à l'extérieur.
Les modes de vie actuels et l'absence d'exposition suffisante au soleil expliquent assez largement les bas niveaux de sérotonine qui sont observés aujourd'hui.
- L'exercice: tout comme la dopamine, la science a clairement identifié le lien entre l'exercice et la sérotonine. Les personnes qui font régulièrement de l'exercice ont des niveaux de stress, d'anxiété et de dépression nettement inférieurs.
- La pensée positive: la recherche a montré depuis longtemps que le fait de penser positivement, ou au contraire négativement, avait des effets significatifs sur les niveaux de sérotonine [5].
Le fait d'adopter une pensée positive se traduit rapidement par une meilleure humeur, une meilleure prise de décision et une meilleure qualité de vie.
Si vous ne savez pas comment faire, commencez par structurer votre environnement pour qu'il vous rappelle les choses que vous avez réalisées avec succès, accrochez des photos de famille ou d'amis, bref! tout ce qui est susceptible de faire resurgir de bons souvenirs. Par la suite, les idées ne vous manqueront pas.
- L’absorption de tryptophane: s'agissant d'un acide aminé essentiel, si l'on ne consomme pas suffisamment de tryptophane dans notre alimentation, notre corps ne peut pas fabriquer de sérotonine.
Très heureusement, de nombreux aliments sont très riches en cet élément [6], qu'il s'agisse de volailles, de laits, de poissons, mais aussi de céréales et de fruits.
- La supplémentation en 5-hydroxytryptophane: de nombreuses sources naturelles en 5-HTP sont disponibles [7], végétales (Griffonia simplicifolia), ou animales comme certaines éponges.
Les compléments alimentaires de synthèse sont aujourd'hui légion, sur internet notamment.
Il faut cependant être très prudent quant à la variabilité des dosages de ces produits et la présence d'impuretés toxiques.
En conclusion, les recettes du succès heureux sont nombreuses et chacun peut trouver chaussure à son pied en adaptant son mode de vie. Et pour cela, gardez toujours à l'esprit comment intervient le couple dopamine-sérotonine:
- la dopamine, l'étincelle, déclenche vos prises de décision et son niveau s'élève d'autant plus que vous atteignez vos objectifs
- la sérotonine, le carburant-lubrifiant, apporte la confiance dans la réalisation des tâches et son niveau détermine si vous aurez le courage de poursuivre.
Alain SUPPINI
Merci pour votre article !