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  • Photo du rédacteurAlain SUPPINI

DE L’ÉGOÏSME À L'ALTRUISME

"L'ALTRUISTE EST UN ÉGOÏSTE RAISONNABLE."

Il faut toujours garder à l'esprit la différence entre aider et permettre, et donc analyser nos intentions, nos motivations, nos actions et nos résultats avec la plus grande acuité.

C'est la frontière entre ces 2 termes qui seule permet de répondre à la question: suis-je égoïste?

Tu es vraiment égoïste! Cette fameuse remarque, à connotation si négative, nous met très souvent sur la défensive, et nous conduit immanquablement à y répondre: "je ne suis pas égoïste, simplement très occupé en ce moment. D'ailleurs, souviens-toi lorsque je t'ai aidé à faire ci ou ça…, quand je t'ai écouté toute une soirée me raconter tel ou tel malheur...!"


Même si l'on est submergé, on se sent fautif de ne pas répondre immédiatement à l'attente de l'autre. Et c'est encore pire lorsque cette attente nous commande de faire quelque chose que nous n'aimons pas ou qui nous demande un effort inhabituel.


Quelles qu'en soient les raisons, nous nous plaçons sur un mode défensif, car ce que nous recherchons, c'est l'approbation de l'autre, son assentiment, son admiration, son amour…. Ce qui nous conduit parfois très loin dans ce qui nous est d’ordinaire inacceptable.

Le plus souvent, les personnes qui vous traitent d'égoïste vous signifient par-là que vous ne leur donnez par ce qu'elles veulent, quand elles le veulent, ou comme elles le veulent… Mais au fait, dites-moi, ne seraient-elles pas un peu trop égoïstes?

Peut-être également avez-vous une tendance habituelle à penser que les autres ont besoin de vous, voire même que vous leur êtes indispensable, que vous êtes leur sauveur… Mais au fait, dites-moi, ne seriez-vous pas un peu trop paternaliste?

Voyons cela en détail: tous autant que nous sommes, avons un jour eu des difficultés à réaliser quelque chose, à franchir un obstacle, ou à passer un cap déterminant. Il est possible que nous ayons eu besoin d'une aide extérieure, et qu'elle nous ait été offerte. Quoiqu’il en soit, si vous vous en êtes sortis, cette main tendue n'aura certainement pas été éternelle et pour éviter de trébucher de nouveau, il est probable vous aurez été obligé d'apprendre de vos erreurs.


Peut-être est-il temps pour vos proches, d'apprendre à leur tour de leurs erreurs.

Même cela peut s'avérer difficile, voire impossible dans un premier temps: il va s'agir de les laisser gérer seuls certains de leurs problèmes, même s'il vous semble plus simple et plus compassionnel de le faire vous-même.

Lorsque les gens ne sont pas mis au défi de faire tout ce qu'ils peuvent pour s'aider eux-mêmes, ils apprennent à chercher constamment des réponses, des remèdes, des solutions et des correctifs en dehors d'eux-mêmes.

Si vous intervenez, vous courez à terme, le risque de vous fatiguer, de manquer de temps ou de ressources à donner. Vous allez dès lors culpabiliser, alors que le problème aurait pu être évité si des limites avaient été fixées d'emblée. La boucle est bouclée, le cercle vicieux créé: vous êtes un égoïste!

Peu importe qui nous traite d'égoïste, peu importe pourquoi on nous traite d'égoïste, cela fait toujours mal. Nous préférons largement faire partie des personnes dont on dit qu'elles sont volontiers serviables ou généreuses. Pourtant il n'est pas réaliste de chercher à réparer chacun des problèmes de chacun de nos proches.

Nous devons donc placer une ligne, des limites, afin que leurs doléances soient honorées, sans pour autant sacrifier nos propres besoins et au final notre propre énergie vitale.

Qu'est-ce donc que ces limites?

Pour paraphraser la psychologue Shawn Burn [1], "Vous devez trouver le bon endroit où vous pouvez aider sans sacrifier votre propre santé physique ou mentale, votre estime de soi ou votre bien-être financier."

Comment trouver "le bon endroit"?

"Si je donne moins, je ne serai plus reconnu, accepté, ou aimé": si vous pensez de cette manière, il est temps de sortir de cette situation et pour cela, travailler sur votre estime de soi!

Dans le cas contraire, vous vous demanderez toujours si vous n'êtes apprécié que pour ce que vous offrez.

Personne ne veut vivre de cette façon, personne ne peut vivre longtemps de cette façon!


Pour cela, il est nécessaire de se poser les questions suivantes:

- Est-ce que mon estime de soi est liée au fait que j'aide cette personne?

- Mes actions aident-elles cette personne à se sentir plus autonome?

- Les circonstances restent-elles les mêmes, empirent-elles ou s'améliorent-elles?

- Cette personne fait-elle de son mieux pour s'aider elle-même?

- Mes actions sont-elles motivées par la peur ? Pitié? Culpabilité?

- Est-ce que j'aide cette personne à tirer parti de son plein potentiel?

- Quel bien est venu de mon aide?

- Quel mal est venu de mon aide?

Les réponses à ces questions doivent vous aider à déterminer si vous avez franchi cette ligne fine et ainsi vous apprendre lentement à connaître vos limites.

Aider vraiment les autres

Pour vraiment aider quelqu'un, il faut l'envisager sous un jour plus favorable qu'il ne peut le voir lui-même.

Il faut essayer de le voir sous son meilleur jour, même s'il est incapable de montrer celui-ci.

Ce n'est qu'à partir de là qu'on peut l'inciter à accéder à sa propre force, à atteindre son plein potentiel.

On doit le mettre au défi de reconnaître qui il est vraiment, de ressentir la joie d'atteindre l'autonomie et la confiance en soi.

Dans tout ce que l'on fait pour un autre, on doit toujours le faire avec cette vision de lui fermement ancrée dans la tête.


Gardons toujours à l'esprit la différence entre aider et permettre, et pour cela rappelons-nous d'analyser nos intentions, nos motivations, nos actions et nos résultats avec la plus grande acuité.

Définir clairement ces limites permettra alors seulement de répondre à la question: suis-je vraiment égoïste?


"L'altruiste est un égoïste raisonnable." (Rémy de Gourmont)


Alain SUPPINI

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