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Photo du rédacteurAlain SUPPINI

TRAITEMENT DE L'OBÉSITÉ COMMUNE

LES ARMES DE LA MÉDECINE TRADITIONNELLE CHINOISE.

Les gènes liés à l’obésité commune n’agissent pas au niveau de la régulation de la faim, mais font intervenir des mécanismes liés à l’addiction et à la récompense.

Prendre en charge ces patients signifie donc lutter contre l'addiction et non pas leur imposer un régime qui va créer un sentiment de manque.

La Médecine Traditionnelle Chinoise, associée par la diététique chinoise, trouve ici une place de choix dans la prise en charge de la surcharge pondérale.


Une équipe française (Institut Pasteur de Lille/Université de Lille/CNRS) a récemment étudié les gènes de 4236 personnes dont l’indice de masse corporelle (IMC) était augmenté.

Leur étude [1], publiée dans «International Journal of Obesity», apporte un nouvel éclairage sur la prise en charge des patients atteints d’obésité commune.


L’obésité est une maladie qui se caractérise par un excès de masse graisseuse. Elle est évaluée au moyen de l’IMC (Poids / Taille2), à partir duquel on définit la surcharge pondérale (25 à 30), l’obésité (30 à 40) et l’obésité morbide (>40).


On distingue:

- l’obésité monogénique, forme la plus rare (5%) qui n’affecte qu’un seul type de gènes, notamment ceux qui jouent un rôle dans le contrôle de l’appétit,

- et l’obésité commune, la plus fréquente, qui résulte d’un ensemble de facteurs génétiques, faisant intervenir des mécanismes liés à l’addiction et à la récompense.


Le Pr Philippe Froguel, co-auteur de l’étude, précise que “la corpulence est un trait génétique héritable à 70%”. Durant la recherche, un grand nombre d’échantillons de tissus humains (tissus cardiaques, adipeux, pancréatiques, cérébraux…) ont été prélevés, sur lesquels l’ARN (et donc l’expression génique) a été quantifiée.


Au total, 106 gènes de susceptibilité ont été étudiés, et la plupart d’entre eux étaient fortement exprimés dans le cerveau.


“Nous nous attendions à ce résultat, toutefois, nous sommes les premiers à avoir mis en évidence une forte expression en particulier dans deux zones impliquées dans les mécanismes d’addiction et de récompense: la substance noire et l’insula. En revanche, les gènes n’étaient pas exprimés dans l’hypothalamus, zone qui régule l’appétit.”

“Les causes de l’obésité commune sont donc complètement différentes de l’obésité monogénique. Alors que la forme monogénique entraîne la sensation de faim, la forme commune est associée à un besoin de manger pour gérer un stress, des émotions…”.

Dès lors, cette découverte a des conséquences directes sur la prise en charge des patients: “Celle-ci doit passer par une prise en charge comportementale pour lutter contre l’addiction et non par un régime qui va créer un sentiment de manque”, conclut le Pr Froguel.



Où intervient alors la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC)?


L’obésité commune résultant d’un comportement addictif, on peut aisément faire un parallèle avec l’addiction la plus répandue dans le monde, le tabagisme.

Une étude observationnelle [2] a été menée pour évaluer l’efficacité de l’acupuncture dans le sevrage tabagique et pour déterminer les facteurs prédictifs de la réussite des personnes qui ont cessé de fumer.

Un total de 1002 fumeurs ont reçu un minimum de six séances d’acupuncture corporelle dispensées par des praticiens de la MTC, puis une fois formés, ont commencé l’acupuncture auto-administrée.

Les taux d’abandon du tabac à 6 mois et 1 an étaient respectivement de 16,8% et 15,8%, alors même qu’il n’est que de 2% en moyenne sur 12 mois avec les techniques traditionnelles.

Si l’on considère l’obésité commune, un certain nombre de techniques de MTC (acupuncture, électroacupuncture, moxibustion…), complétées par la Diététique Chinoise (6 substances majeures), vont s’adresser d’abord et avant tout au côté addictif de l’alimentation.


1° Les techniques:

Même si l’acupuncture et la moxibustion remportent quelques succès, l’électroacupuncture (EA) dans le traitement de la surcharge pondérale reste la technique de référence.

L’étude princeps l’ayant évaluée [3] a concerné 165 femmes volontaires, classées aléatoirement en 3 groupes: EA placebo, EA et groupe de restriction alimentaire.

L’EA a été réalisée en utilisant trois points d’oreille et six points corporels.

Les patientes soumises à une application d’EA ont présenté une réduction de poids de 4,8%, tandis que les patientes soumises à EA placebo et à une restriction alimentaire ont perdu respectivement 2,7% et de 2,5% de poids.

Parallèlement, a été notée une diminution significative de la phobie, de la colère, de l’anxiété, de l’obsession, des symptômes paranoïaques et de la dépression dans le groupes EA, par rapport aux 2 autres groupes.


2° La Diététique Chinoise:

Bien que l’obésité soit devenue un grave danger pour la santé publique dans le monde entier, il n’existe toujours pas de médicaments efficaces et sans danger pour le traitement de l’obésité.

En raison de leurs différences fondamentales, la médecine traditionnelle chinoise (MTC) et la médecine occidentale étaient autrefois considérées comme inconciliables. Cependant, de nos jours, une compréhension moléculaire approfondie des ingrédients actifs de la Diététique Chinoise ont permis de les réconcilier pour en faire deux véritables alliés.

Dans une revue de 2018 [4], les auteurs étudient six substances majeures de la MTC, l’Artémisinine, la Curcumine, le Célastrol, la Capsaïcine, la Berbérine et les Ginsénosides.


- L’Artémisinine: “L’Artémisinine est dérivée de l’absinthe douce (Artemisia annua L.). L’acide artémisinique et l’artésunate inhibent le développement et la différenciation des adipocytes en supprimant les régulateurs principaux dans l’adipogenèse. De plus, depuis la découverte révolutionnaire des graisses brune et beige chez l’homme, L’Artémisinine et ses dérivés pourraient également favoriser le brunissement de la graisse blanche et, par là même, brûler plus d’énergie.”


- La Curcumine: “Le Curcuma est une espèce de plantes herbacées rhizomateuses vivaces originaire du sud ou sud-est asiatique. De ses rhizomes, réduits en poudre, est extraite l’épice homonyme. Dans les aspects métaboliques, la Curcumine supprime la différenciation adipocytaire en affectant les régulateurs classiques de l’adipogenèse. Dans quelques essais cliniques, il a été démontré que la Curcumine améliore la résistance à l’insuline et l’hyperlipidémie chez les patients atteints de syndromes métaboliques.”


- Le Célastrol: “Célastrol (triptérine) est un composé chimique isolé des extraits de racine de Tripterygium wilfordii. Récemment, une série d’études a amené le Célastrol au stade métabolique en le mettant en évidence comme régulateur polyvalent de l’obésité et des maladies métaboliques, avec des cibles à la fois centrales et périphériques.”


- La Capsaïcine: “Il y a cent ans, la Capsaïcine a été identifiée et purifiée comme l’un des composants biologiques actifs majeurs du piment (Capsicum). La Capsaïcine a été démontrée chez l’homme qu’elle augmentait la satiété, réduisait l’apport alimentaire, augmentait l’activité du système nerveux sympathique, et sans surprise, améliorait le métabolisme des lipides.”


- La Berbérine: “Coptis chinensis, une herbe médicinale commune et facile à cultiver, est l’une des plantes les plus utilisées depuis la Chine ancienne. La Berbérine, principal ingrédient actif de cette herbe, est un médicament utilisé dans le traitement du diabète sucré de type 2, de l’hyperlipidémie et de certains types de cancer.”


- Les Ginsénosides: “Caché dans les montagnes profondes et difficiles à trouver, le Ginseng est considéré par les Chinois comme un complément alimentaire rare et précieux pour renforcer la santé holistique. Des études modernes ont montré que le Ginseng possède des propriétés anti-oxydantes et anti-inflammatoires dans le système cardiovasculaire et nerveux central, favorisant ainsi un vieillissement sain. De nombreuses études ont démontré que les Ginsénosides, par leur action sur des cibles telles que le tissu adipeux, le foie, les muscles et le cerveau, sont efficaces pour prévenir l’obésité, l’hyperlipidémie, l’hyperglycémie et la stéatose hépatique.”



Dr Alain SUPPINI

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